La Fondation La Cause est engagée depuis près de 15 ans en faveur des enfants en Haïti, et travaille en partenariat avec la Fédération Protestante d’Haïti. Cet engagement s’est intensifié après le séisme de 2010. la Fondation La Cause a mis en œuvre un soutien et un accompagnement auprès de douze maisons d’enfants. Aujourd’hui nous poursuivons ce travail au profit de 500 enfants accueillis par huit structures.
Le 12 janvier 2010, à la stupeur générale, Port-au-Prince, capitale d’un des États les plus pauvres du monde, s’effondre sous la poussée d’un puissant tremblement de terre.
En quelques minutes, 250 000 morts, environ un million deux cent mille sans-abris, le pays est détruit… la Fondation La Cause, qui assure en Haïti une collaboration depuis plusieurs années avec des centres d’accueil d’enfants vulnérables, vit l’angoisse des premiers jours qui suivent le séisme. Aucune nouvelle… Quand on parvient à en avoir, elles se révèlent souvent contradictoires, voire incertaines… Six jours plus tard, la terrible réalité montre son ampleur. Les orphelinats sont détruits ou quasiment, le dénuement est total.
Face à cette détresse humaine, la Fondation La Cause s’engage et adresse dans les premières semaines une aide financière et matérielle en eau et en vivre. L’UEPAL envoie une participation immédiate de 20 000 € pour l’aide d’urgence. Mais ces premiers envois ne suffisent pas, et le département Enfance de la Fondation La Cause se pose la question d’assurer la pérennité d’un soutien aux enfants. Elle s’appuie sur un programme de parrainage d’enfants déjà en place en Haïti. Ici, pas de correspondance mais une action concrète : l’aide alimentaire. L’eau et les vivres sont prioritaires dans un premier temps. Le soutien à long terme est indispensable et c’est ce que permettra le parrainage. Le pasteur Philippe Verseils envoyé sur place pendant deux ans par le Defap, assurera une très précieuse coordination.
Dans l’adversité que traverse Haïti, un nombre toujours plus important de structures d’accueil d’enfants vulnérables sollicitent la Fondation La Cause par l’intermédiaire de la Fédération Protestante d’Haïti. Près d’une quinzaine de centres évalués en état d’extrême précarité ont été aidés avec une première aide concrète en terme d’alimentation. En revanche, avec le temps, seules huit structures sont à ce jour toujours suivies par le programme de la Fondation La Cause. Sur le plan administratif, toutes sont enregistrées au niveau de leur commune de résidence et suivies par les services sociaux haïtiens. En revanche, toutes ne sont pas agréées par l’IBESR, Ministère des affaires sociales d’Haïti.
Ces huit centres sont situés à Port-au-Prince ou sa périphérie, sauf l’un d’entre eux situé à la frontière de la République Dominicaine.
- Sainte Anne : Lilavois 1, La Plaine
- Le Bon Berger : Croix des bouquets
- Le Centre Chrétien de l’enfant Haïtien : Delmas
- La Bergerie : Delmas
- La Main de Compassion : Lilavois 14, Bon Repos
- Rogach : Port-au-Prince, Route Nationale #1
- Salem : Lilavois 44, Bon Repos
- La Main Divine : Fonds Parisien
Ces structures, qui accueillent environ 500 enfants, leur assurent soins, éducation, hygiène, grâce au programme « Parrainage » de La Cause. Parmi les bénéficiaires, nous avons l’exemple de K., élève de terminale lors du séisme de 2010. Grâce au parrainage, elle est aujourd’hui en 8e année de médecine, et mesure avec reconnaissance ce que la Cause lui a offert en partenariat avec le Defap.
Après une période d’urgence et d’instabilité (choléra, élections…), la Fondation La Cause se recentre sur des projets à court et long terme, comme l’aide au développement (construction de poulaillers, plantation de vergers…) ou le logement des centres (amélioration de l’habitat ou construction…).
Les besoins des centres sont immenses. Le soutien de la Fondation La Cause n’en couvre qu’une partie, il permet néanmoins d’assurer un minimum vital aux enfants au niveau de leur alimentation et de leur prise en charge sanitaire. Les parrainages représentent également un soutien moral non négligeable pour les responsables de ces centres dans ce combat de survie au quotidien qu’ils doivent mener.
Depuis 10 ans, de nombreux projets ont été soutenus par la Fondation :
- Constructions : Reconstruction du centre FEDIROJECO, achat et aménagement du bâtiment du centre COMPASSION.
- Conditions de vie : réhabilitation des centres, achat de mobiliers et de literie – soutien sanitaire –– construction de latrines (COMPASSION) – participation au paiement du loyer (différentes structures).
- Projet « eau potable » en lien avec le Defap : autonomie en eau potable des centres.
- Éducation : soutien scolaire et achat de matériel pédagogique – formation professionnelle – projet spécifique en études supérieures (K.).
- Aide au développement : Poulaillers et formation avicole (ROGACH) – Boulangerie et formation en boulangerie + vente des produits (MAIN DIVINE).
- Financement de l’alimentation et des frais de scolarité des enfants des centres.
Aujourd’hui, comme autrefois le spectre de la misère est présent. Depuis le séisme, Haïti a toujours de plus en plus de mal à s’assumer. La crise politique que traverse le pays depuis l’élection du président Moïse Jovenel, désavoué par ses concitoyens, a conduit le pays dans une impasse politique. La pénurie de carburant, ajoutée aux tensions sociales et politiques a produit à une situation de rare violence : manifestations, scènes de pillage ou exactions de bandes armées, la vie devient rude. Les écoles sont restées fermées le dernier trimestre 2019 et les enfants confinés dans les centres. Du soutien scolaire et des activités de travail manuel y sont organisés de manière à permettre à chacun d’être occupé et de ne pas perdre le rythme scolaire.
Notre déléguée sur place nous parle de l’inquiétude que connaissent les directeurs de centres, craignant que leur structure ne soit la cible de bandits prêts à tout pour obtenir des denrées revendables. En effet, l’alimentation est devenue assez chère et les centres commencent à en manquer. De leur côté, les centres nous partagent leurs inquiétudes dans ce pays toujours prêt à s’embraser à tout moment. Malgré tout la confiance persiste, et la Fondation La Cause continue son soutien indispensable aux enfants qu’ils accueillent.
Chaque jour, les Haïtiens se demandent s’ils pourront se rendre à leur travail en raison des émeutes et des actes de violences qui se déclenchent dans les quartiers, et s’ils rentreront vivants chez eux. Les gangs prennent de plus en plus position dans des quartiers jusqu’alors réputés calmes. Les habitants craignent d’être agressés jusque dans leur habitation.
Selon l’Agence Française de Développement, on arrive au recensement d’un million de personnes en phase de famine (Port-au-Prince, pointe nord et dans le sud), situation qui devrait s’aggraver en 2020. Ce constat alarmant nous encourage à ne pas cesser notre action pour les centres et leurs enfants. Nous faisons alors le vœu de continuer avec l’aide de tous, à donner espoir aux enfants d’Haïti.
À ce jour la Fondation La Cause recherche toujours de nouveaux parrains pour renforcer son action dans les centres.
Chaque année, la Fondation La Cause effectue une mission sur place avec pour objectifs de faire le bilan de sa collaboration avec la Fédération Protestante d’Haïti (FPH), de visiter les centres avec lesquels la Fondation la Cause a une convention et de faire le point avec la déléguée de la Fondation La Cause en Haïti. En ces temps douloureux, l’état des lieux de la situation actuelle des centres, établi par notre déléguée, nous est précieux. En effet, deux missions de la Fondation La Cause en Haïti ont été annulées en raison de la situation dangereuse de Port-au-Prince. Notre prochaine mission, initialement prévue fin janvier 2020, a été reportée en juin-juillet 2020.
Véronique Goy
Directrice du Département Enfance
de la Fondation La Cause