Vous connaissez le conseiller financier qui vous dit comment placer au mieux votre argent, le conseiller juridique qui vous dit quels sont vos droits et comment s’en prévaloir. Le conseiller conjugal et familial (CCF), lui, « tient conseil » avec les personnes qui le consultent pour leur permettre de comprendre ce qu’elles vivent dans leur couple ou leur famille et de trouver par elles-mêmes les meilleures voies de changement, de dégagement, et/ou d’acceptation de leur situation.
Son rôle est d’abord d’écouter ce qui a déclenché la démarche (conflits répétés, situations fragilisantes – deuil, maladie, chômage –, infidélité, difficultés avec un enfant…) et ce que les personnes viennent déposer et mettre en mots : leur colère, leur incompréhension, leur souffrance, leur culpabilité, leur peur… Ce que le conseiller conjugal et familial propose, c’est d’expérimenter un espace sécurisé par une tierce personne pour déposer l’enveloppe fragilisée du couple.
Ainsi, le CCF encourage l’expression d’une pensée personnelle de chacun, parfois impossible dans le face-à-face du couple, et permet pour chacun l’alternance de la parole et de l’écoute. Il nomme aussi des ressemblances dans les représentations des conjoints, les expériences et les attentes. Ainsi, il fait un travail à la fois de séparation et de liaison entre les partenaires.
Petit à petit, le dialogue instauré va permettre un premier processus de désillusion du couple, de l’autre, de soi, car souvent les débuts d’une relation amoureuse s’inscrivent dans un certain idéal de couple sans manques et sans tensions avec un partenaire qui a toutes les qualités et qui renvoie une image idéalisée de soi. « Redescendre du petit nuage » sur lequel les partenaires s’étaient installés et prendre la mesure du réel, de la différence de l’autre, sont des pas importants. Mais ce processus de désillusion est souvent déstabilisant, car d’une certaine façon, un ancien monde vole en éclats et il faut en reconstruire un autre. Le CCF est là pour offrir un point de stabilité et de soutien pour accompagner ce passage de l’ancien vers le nouveau.
Les partenaires vont, ce faisant, pouvoir se dire ce qu’ils vivent et ce qu’ils ont envie de vivre et qu’ils ne se sont peut-être jamais dits avant : leurs frustrations et déceptions, mais aussi leurs satisfactions et joies, leurs attentes, les rôles de chacun, leurs valeurs. Ce dialogue va permettre de voir ce qui a été partagé, ce qui l’est encore, ce qui ne l’est plus, ce qu’ils pensaient être partagé, mais qui était plutôt imposé par l’un à l’autre… Au fil des séances, les partenaires vont ainsi revisiter leur histoire de couple.
Cela pourra être l’occasion d’une prise de conscience que le conjoint leur fait revivre des situations, des affects qu’ils ont déjà vécus dans le passé, avec un autre partenaire, ou avec un père, une mère, un frère, une sœur, ce qui vient peser dans le présent de la relation de couple… C’est là une autre facette du travail en conseil conjugal et familial : désintriquer quelque peu le présent du passé, pour avoir un peu plus de souplesse, de « jeu » dans la relation. Cela peut parfois révéler une blessure enfouie mais bien active, qui nécessitera un travail thérapeutique individuel.
Marlyse Plagnard
Conseillère conjugale et familiale
engagée avec La Cause